Vernissage de l’exposition « Fiction – Un regard sur le Louxor »

Jeudi 5 mars 2015, le salon du Louxor accueillait le vernissage de l’exposition de photographies de Judith Bormand, « Fiction – Un regard sur le Louxor ».

Emmanuel Papillon, directeur du Louxor, entouré de membres de son équipe, a accueilli  dans une ambiance très amicale les nombreux visiteurs venus découvrir le travail effectué sur les lieux par Judith Bormand pendant plusieurs semaines et dont elle nous parlé dans l’entretien qu’elle nous a récemment accordé. En quelques mots chaleureux, il a rappelé la démarche de la photographe et loué l’originalité et la qualité de ses photographies – de ces « fragments » qui parviennent à restituer de manière étonnante l’atmosphère du Louxor.

Emmanuel Papillon et Judith Bormand, 5 mars 2015.

Emmanuel Papillon et Judith Bormand, 5 mars 2015.

Le texte de présentation affiché à l’entrée de l’exposition présente avec clarté la démarche de la photographe :
« Avec son décor à l’égyptienne, le Louxor – Palais du cinéma, ancien palace des années 20, fait rêver. Rénové à l’identique, il a retrouvé son faste et sa magie. À l’exotisme et à la majesté de ce style égyptien s’ajoute un caractère énigmatique, comme le rappelle Jean-Marcel Humbert dans le catalogue de l’exposition Rêve d’Égypte (1998) : ” L’égyptomanie se charge toujours de significations connexes comme le mystère, qui est présent dans la pyramide, dans le sphinx et dans les hiéroglyphes “. C’est à cet aspect là, déjà induit par le décor du lieu, que la photographie va plus précisément s’attacher, au côté mystérieux que peut avoir l’espace du cinéma.
Judith Bormand se concentre sur quelques éléments caractéristiques du cinéma. Plutôt que d’élargir le champ et de donner à voir la salle dans son entier, elle préfère s’attarder sur des détails. De l’espace on ne verra que des fragments : des fauteuils, une porte, un rideau. Le regard est volontairement parcellaire, nous sommes devant des morceaux du lieu déserté. Les cadrages sont serrés, les vues souvent frontales. L’ensemble constitue un tableau éclaté des lieux, plus suggérés que montrés. Les couleurs et les matières entrent en résonance. Le velours récurrent, celui d’un siège ou d’un mur, évoque confort et douceur. Mais, associé au bleu sombre et au pourpre, il se charge d’une connotation érotique. Car la salle de cinéma est aussi un lieu sensuel.
La photographe a choisi de laisser le mystère s’installer, le hors-champ s’inviter. et avec eux la fiction. Car il est bien question de cinéma dans ces photographies. La salle, lieu où est projeté le film, devient celui d’une possible fiction. À la sobriété des cadrages s’associé le terrain du fantasme. Sans mise en scène aucune, l’ombre de cinéastes comme Lynch ou Kubrick plane.
Or le caractère fantasmatique que revêt le lieu fait écho à son rôle : entraîner le spectateur vers un ailleurs, fictionnel. Ainsi les salles du Louxor sont décorées à l’image des tombeaux égyptiens. On s’y installe pour laisser sa conscience s’éveiller à un autre monde. Ce sont des espaces isolés de l’extérieur, clos. La série donne à voir leur aspect feutré, le caractère confiné d’un lieu dont le sas d’entrée marquerait la frontière. »

Judith BORMAND 20150305

Vernissage du 5 mars. Photo Jean-Marcel Humbert

L’exposition, qui fait une large place aux nouvelles salles du sous-sol et met superbement en valeur les éléments décoratifs du lieu (velours, moquettes, élégance des sièges, etc.), est aussi un bel hommage indirect au travail effectué par l’architecte Philippe Pumain et son équipe.

Et pour ceux qui ne connaîtraient pas encore le salon du Louxor, la visite de cette exposition est aussi une excellente occasion de découvrir les vitraux des baies de la loggia et la poutre d’origine (restaurée ) qui fut retrouvée dans la grande salle pendant les travaux et servit de modèle aux peintres décorateurs lors de la restitution des décors.

Le salon d'exposition du Louxor

Le salon d’exposition du Louxor

Exposition présentée du 4 mars au 19 mai 2015

Judith Bormand, photographe, est née en 1984. Diplômée de l’école nationale supérieure Louis Lumière, elle a exposé dans le cadre du Mois de la Photo à Paris en 2008, aux Rencontres d’Arles en 2009, aux Rencontres Photographiques du Xe à Paris en 2011. Son travail porte notamment sur l’espace et le paysage ; elle collabore régulièrement avec des agences d’architecture.