31 janvier 2011: l’état du chantier

À l’occasion de l’ Assemblée générale des Amis du Louxor,  l’ architecte Philippe Pumain a bien voulu faire un point  sur l’avancement du chantier de réhabilitation du Louxor. Nous le remercions chaleureusement de cette intervention qui était accompagnée de la projection de nombreuses  photos. En voici les grandes lignes:

31 janvier 2011 : présentation des travaux par Philippe Pumain

Le démarrage du chantier a été un peu compliqué, notamment la coordination avec les différents services concernés. Le carrefour étant au cœur de trois arrondissements les interlocuteurs sont multiples, par exemple pour la voirie.  L’installation de chantier a donc été un peu longue.
Les travaux ont réellement démarré après l’été. L’objectif est un chantier de deux ans. Vingt entreprises interviennent puisqu’il s’agit d’un chantier en « lots séparés ». Un pilote, titulaire d’une mission OPC (ordonnancement, pilotage, coordination), comme son nom l’indique, gère et coordonne les divers intervenants.

La géothermie
Le 2e forage hydrogéologique a lieu actuellement, puisque le bâtiment doit être chauffé en hiver et climatisé en été par la géothermie. Ce système permet de capter l’énergie contenue dans l’eau de la nappe phréatique par forage. Cela implique de descendre à 85 mètres de profondeur. Deux forages sont nécessaires car il faut établir un circuit entre un puits de pompage de l’eau, et un second puits  qui sert à rejeter cette eau dans la nappe d’origine. Ils doivent être à une certaine distance l’un de l’autre  et tenir compte du sens de l’écoulement de la nappe. Le  2e forage est terminé, nous allons pouvoir procéder à des pompages d’essai.

Gros-œuvre
Actuellement, différents types de travaux de gros-œuvre sont en cours. Nous intervenons par exemple  dans la partie du bâtiment qui se trouve sous la courette  et où seront aménagés les locaux techniques.
On a parfois quelques surprises lorsqu’on démarre un chantier. C’est ainsi que nous avons découvert des caves au 2e sous-sol et les restes de l’escalier qui y menait datant de l’ancien immeuble haussmannien. Ces caves avaient été comblées par des gravats enfouis lors de la construction du Louxor. Il a donc fallu évacuer cette importante quantité de gravats afin de pouvoir intervenir dans ce 2e sous-sol.
L’essentiel du travail des 2 mois écoulés a été la réalisation par forage à 25 mètres de profondeur des micros-pieux (il y en a 175) dans lesquels (et autour desquels) est injecté du béton pour avoir une bonne assise dans le terrain qui est du remblai. Après la pose des pieux, on crée des « puits de fondation » de 3 mètres sur trois environ qui s’appuient chacun sur 4 à 6 micro-pieux. Ces puits reçoivent des armatures métalliques (ferraillages) et on y coule du béton. Ils sont disposés en périphérie du bâtiment : ces grosses semelles en béton constituent une assise homogène ; ils vont permettre de stabiliser le bâtiment et les immeubles mitoyens. Nous avons heureusement plusieurs équipes de puisatiers, ce qui explique que sur 33 puits, 16 sont déjà ouverts. Nous en avons encore pour un mois et demi environ.

Renforcement des structures
Les superstructures du bâtiment reposent en particulier sur quatre « poteaux-voiles » que l’on doit couper et reporter sur les nouvelles fondations par l’intermédiaire de poutres de reprise. [P. Pumain montre une photo, NDLR]  D’autre part, sur une poutre coulée en périphérie du sous-sol seront posées les boîtes à ressorts sur lesquelles sera ensuite posé le plancher de la grande salle. Si la structure porteuse est conservée, tous les planchers doivent être renforcés. Ils étaient prévus pour une surcharge de moins de 100 kg/m² alors qu’actuellement la norme est de 300 à 500 kg de surcharge /m².  Il faut aussi prévoir le renforcement de la toiture-terrasse pour « surcharges climatiques », par exemple une surcharge de neige exceptionnelle d’un mètre d’épaisseur. Le plancher haut du 3e étage a déjà été étayé et le nouveau plancher coulé.
Le plafond de la grande salle sera refait à l’identique dans la boîte dans la boîte. L’ancien était en staff ajouré pour la ventilation (car les gens fumaient) et l’aération. Le décor à caissons sera reconstitué sur le nouveau plafond qui sera éclairé par des diodes intégrées (dont la durée de vie est très longue, entre 30 et 50 ans).

Mise aux normes
Outre les normes acoustiques qui ont imposé le choix de la « boîte dans la boîte », le bâtiment doit être totalement accessible aux personnes à mobilité réduite.
– Il va falloir abaisser de 15 centimètres environ le sol de l’entrée du cinéma pour le rendre accessible aux personnes en fauteuil roulant.
– Un ascenseur sera installé à gauche de l’entrée (l’escalier d’origine étant à droite) : cela nécessitera une petite intervention en terrasse : la dalle devra être relevée de 20 cm  pour laisser la place à la machinerie.

HQE
Nous sommes tenus d’être un chantier et un bâtiment prenant en compte la dimension « HQE » (haute qualité environnementale) et qui entre dans le « Plan Climat » de la Ville de Paris. Les économies d’énergie font partie des contraintes : nous devons passer de plus de 500 kwhep/m²an (consommation précédente d’un bâtiment comme le Louxor) à moins de 80 kwhep/m²an. Le bâtiment sera par ailleurs excellent en termes de rejet carbone.
[La projection des images du chantier permet à Philippe Pumain de faire diverses remarques sur certains points précis. NDLR] Par exemple un  gros-plan de la façade après dépose de la marquise permet de mesurer l’état de dégradation avancée : les parties métalliques sont oxydées et l’épiderme du béton est atteint.

31 janvier 2011 - présentation des travaux par Philippe Pumain

Divers
– L’éclairage du chantier, notamment du passage piéton boulevard de la Chapelle, reste à installer définitivement : on attend toujours le raccordement que doit faire EDF depuis 6 mois ! Après des relances, le travail devrait être fait d’ici le 11 février mais pour des raisons techniques, il va falloir creuser une tranchée boulevard de Magenta. Pour l’instant l’éclairage du passage est branché sur le groupe électrogène du chantier, coupé la nuit pour éviter les nuisances sonores.
– Parallèlement aux travaux intérieurs, les échafaudages sont installés dans l’attente de la bâche qui devrait être posée à la fin de la semaine prochaine.
– Nettoyage des tags : ne sera pas fait  tous les jours ! L’entreprise considère que, si elle est en effet chargée du nettoyage et de l’entretien de la palissade, elle n’a pas à assurer le nettoyage quotidien des tags qui sont un acte de vandalisme. C’est donc essentiellement la Ville de Paris qui l’assume. La Ville sous-traite à une entreprise spécialisée qui est tenue de passer tous les dix jours (sur tous les chantiers de  Paris).
Dernière remarque : 45 personnes travaillent en ce moment sur le chantier et l’inspection du travail fait des visites très fréquentes, quasi quotidiennes, pour vérifier les conditions de travail, en particulier s’assurer de la mécanisation des tâches les plus pénibles.

© Philippe Pumain