Défense du projet Louxor

.Le 21 juillet 2009, le blog du Moniteur publiait un entrefilet intitulé « Sauver le Louxor » relayant une pétition d’opposants au projet de réhabilitation du Louxor. Cette pétition n’est qu’un élément d’une campagne de dénigrement systématique qui dure depuis des mois.
Notre association s’efforce avant tout de fournir des informations précises sur le projet et de mieux faire connaître ce cinéma historique. Mais s’il est normal qu’un projet suscite critique, débat et controverse, il est en revanche choquant d’accumuler les contre-vérités dans le but de le discréditer.

C’est pourquoi il nous semble indispensable de rétablir la vérité des faits lorsqu’elle est aussi caricaturalement déformée.

Nous soutenons sans réserve le projet de réhabilitation de ce cinéma conçu par l’architecte Philippe Pumain pour la Ville de Paris qui va permettre au Louxor, abandonné depuis plus de 25 ans, de retrouver enfin sa dignité patrimoniale et son utilité sociale.

Lorsqu’au début des années 2000, des habitants du quartier, de nombreuses personnalités réunies au sein du Comité « Sauvons le Louxor », et des associations se sont mobilisés pour que la Ville de Paris rachète le Louxor menacé de ruine et lui redonne sa vocation culturelle initiale, les « experts » qui aujourd’hui dénigrent systématiquement ce projet de sauvetage étaient notoirement absents du combat.

Cependant le vrai problème n’est pas l’intérêt tardif de ces personnalités pour le Louxor mais le manque de rigueur et la mauvaise foi de leurs affirmations.

Annoncer (comme le fait par exemple) la revue Paris Historique dans son dernier numéro (n°99, p. 19) que le Louxor « va être démoli » , C’EST ÉVIDEMMENT FAUX.

Un projet respectueux du patrimoine

Le Louxor va au contraire être réhabilité, afin qu’il puisse revivre – accueillir le public et, en l’occurrence redevenir un cinéma – grâce à un projet qui parvient très subtilement à concilier la préservation de ce très beau bâtiment et les nombreuses contraintes liées aux normes en vigueur imposées pour l’exploitation de tout lieu culturel.

Car la rénovation du Louxor implique nécessairement une mise aux normes actuelles : renforcement de la structure du bâtiment, accessibilité et isolation phonique. Dans le cas du Louxor, il s’agit d’isoler les salles non seulement par rapport à la rue mais aussi aux voisins mitoyens. D’où la décision de construire la « boîte dans la boîte ».

Mais le Louxor est un cinéma chargé d’histoire, dont la façade est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Sa réhabilitation implique donc que, tout en respectant les exigences des normes actuelles, on respecte parallèlement, autant qu’il est possible, les dispositions d’origine des lieux.

Le projet que l’on nous propose parvient à cet équilibre.

– La pétition signalée par le Moniteur laisse croire à certains de ses signataires peu ou mal informés que nous sommes face à “une redoutable opération de façadisme” et que l’on va “…détruire la totalité de la structure ainsi que les espaces intérieurs pour n’en conserver que l’enveloppe…”. C’EST ENCORE FAUX.

Naturellement la façade du Louxor va être entièrement restaurée et de plus, les mâts égyptiens qui avaient disparu seront remis en place. La marquise fera elle aussi l’objet d’une réfection complète.

En ce qui concerne l’intérieur :

Le Louxor ne sera pas un banal multiplexe. La grande, belle salle du Louxor ne sera pas découpée. Les deux salles supplémentaires vont être créées en sous-sol, SOUS LA SURFACE de cette salle. La boîte acoustique ne réduira le volume de la grande salle que d’environ 10% et celle-ci conservera son aspect initial et ses magnifiques proportions. On retrouvera même le cadre d’écran d’origine, que l’on peut voir sur les photos anciennes mais qui n’était plus visible à la suite des transformations successives. Des circulations seront conservées, le hall du rez-de-chaussée sera réhabilité, l’escalier principal maintenu. Quant à la cabine de projection, elle regagnera sa place initiale.

– Les balcons seront reconstruits, permettant à la fois de conserver l’aspect initial de la salle mais aussi de garantir la qualité de l’insonorisation et d’obéir là encore aux normes actuelles (solidité, visibilité, confort du spectateur, etc.)

– Selon les détracteurs du projet, les décors au pochoir sont « intacts » et ont tous survécu. La réalité est beaucoup plus complexe.

Les décors au pochoir (qui ont été vus pendant moins de 10 ans puis recouverts par un nouveau décor dans les années 30) seront CONSERVÉS ET PROTÉGÉS et reproduits à l’identique sur la structure de la boîte acoustique, avec la même technique. Il s’agit bien de décors au pochoir aisément reproductibles et non du geste unique de la main d’un artiste.
Les décors en relief qui subsistent seront respectés, ceux qui ont disparu seront restitués d’après des photographies anciennes.

Rien ne sera irrémédiablement perdu contrairement à ce que l’ on voudrait nous faire croire.

– Par ailleurs, s’ils rejettent avec indignation la construction de la « boîte dans la boîte », pas une seule fois, les détracteurs du projet n’ont proposé une autre solution crédible, convaincante, pour un projet culturel viable. Et voila que sort d’on ne sait quelle manche la proposition d’un music hall (« le conservatoire de la variété » )! Comme si ce type de salle n’avait pas les mêmes exigences en matière d’insonorisation. De qui se moque-t-on ? D’autre part, que connaissent exactement les promoteurs de cette pétition des études menées sur l’offre culturelle globale à Paris et sur les chances respectives de tel ou tel lieu culturel ?

– Enfin, comment peut-on aussi affirmer que ces travaux sont envisagés « sans trop se soucier de la stabilité des fondations » ? En somme, « Creusons et on verra bien ce qui se passe … » ? C’est grotesque. On peut s’étonner que soient ainsi mises en cause avec autant de légèreté la compétence et le sérieux d’un architecte (qui a fait ses preuves en matière de réalisation et restructuration de salles de spectacles) et des équipes qui l’entourent.

Cette accumulation d’approximations et de contre-vérités ne nous paraît pas relever de la controverse légitime mais de la désinformation pure et simple.

Nous souhaitons que la Ville de Paris puisse expliquer régulièrement et de manière détaillée ce projet si important pour le quartier. Contrairement à ce qu’ont soutenu sur leur blog certains détracteurs du projet s’abritant derrière Victor Hugo selon lequel “… la destruction d’un édifice historique et monumental ne doit pas être permise à ces ignobles spéculateurs…” , cette réhabilitation ne se fera pas au profit d’ « ignobles spéculateurs » mais bien de la collectivité !

En conclusion :

Le projet respecte le style néo-égyptien de ce cinéma historique, préserve les éléments décoratifs remis au jour à l’intérieur, retrouve même certains éléments disparus comme l’écran ou les grands mâts égyptiens. Tout cela en harmonie avec les normes de confort et de sécurité.
Belle reconnaissance de la qualité du projet proposé : le 30 avril 2009, la Commission Départementale d’Aménagement Commercial a accordé à l’unanimité à la Ville de Paris l’autorisation d’exploitation cinématographique du Louxor.
Il nous semble donc incompréhensible, après tant d’années d’attente et d’espoirs déçus, qu’on puisse s’opposer avec des arguments fallacieux à cette réalisation qui sauve un patrimoine en déshérence et offre aux Parisiens, notamment à ceux du quartier Barbès, un très beau cinéma.

Victor Hugo écrivait d’ailleurs aussi : « Il y a deux choses dans l’édifice, son usage et sa beauté ». Ici, nous aurons bien la beauté et l’usage !

Le bureau de l’association Les Amis du Louxor