Quel projet culturel pour le Louxor ?

Réunion d’information du 5 juillet 2011

Le maire du 10e, Rémi Féraud, explique dans une brève introduction que cette réunion d’information s’inscrit dans le cadre des relations établies avec les habitants  du quartier et notamment les associations qui ont manifesté leur intérêt pour la renaissance du Louxor. Jusqu’à présent, il a surtout été question du bâtiment  et de sa réhabilitation  mais il convient maintenant de parler de la gestion et de la définition du projet culturel. Le cadre choisi, celui d’une délégation de service public (DSP), implique l’élaboration d’un cahier des charges. Rémi Féraud rappelle qu’à cette occasion, un vœu a été présenté  au Conseil de Paris par Alain Lhostis, élu du 10e, pour que la possibilité de tenir un certain nombre de réunions liées à la vie du quartier soit intégrée au cahier des charges.

De gauche à droite : Eric Algrain, Alexandra Cordebard, Rémi Féraud, Michel Gomez

De gauche à droite : Eric Algrain, adjoint au maire du 10e, chargé de la démocratie locale ; Alexandra Cordebard, première adjointe, chargée de la culture, Rémi Féraud, maire du 10e,  Michel Gomez, délégué général de la Mission cinéma

Michel Gomez, délégué général de la Mission Cinéma de la Ville de Paris,  rappelle les grandes lignes du projet : le Louxor sera une salle Art et Essai dotée de trois écrans, grâce à la création de deux salles en sous-sol qui s’ajouteront à la grande salle. Puis il apporte un certain nombre de précisions sur le mode de gestion choisi, la délégation de service public, et les différentes étapes du processus.

Le projet de DSP a déjà été soumis à l’avis de la commission consultative des services publics locaux qui en a approuvé le principe. Après le vote du Conseil municipal du 10e arrondissement, la délibération  sera présentée d’ici quelques jours au Conseil de Paris.
– Pourquoi une DSP ?  C’est un choix volontariste de la Ville de Paris : le délégataire ( ici l’exploitant) est chargé de la gestion et de l’exploitation du lieu sous le contrôle et la maîtrise de la collectivité délégante (la Ville de Paris) qui le lui confie pour une durée de sept ans. Mais Michel Gomez souhaite qu’un bilan annuel soit fait.
La DSP permet d’associer acteurs privés et publics ; ici l’équipement nécessaire à l’exploitation est remis par la collectivité au délégataire. La Ville de Paris assume  à 100% la charge de la réhabilitation du bâtiment et c’est une entreprise privée qui valorisera le lieu. Cela permet ainsi à la Ville de « flécher » des objectifs à atteindre. Un cahier des charges fixera un certains nombre d’obligations que l’exploitant sera tenu de respecter.

Septembre 2011,  1ère étape, la « pré-qualification » :
La Ville lance un avis d’appel public à la concurrence qui mentionne notamment l’objet de la délégation, les caractéristiques de l’équipement (nombre de salles), etc. et demande aux candidats de déclarer leur intention de soumettre leur candidature. Le dossier fourni doit permettre d’apprécier les capacités professionnelles du candidat, ses références en matière d’exploitation de salle, son expérience en matière d’animation et de programmation, et les garanties financières qu’il présente.  Au vu des dossiers de candidatures reçus, la liste des candidats admis à présenter une offre sera établie.
2e étape
Pendant une période de plusieurs mois, le cahier des charges est finalisé. Il sera fourni aux  candidats retenus lors de la première sélection ; ceux-ci pourront alors construire leur dossier.
Lors d’une troisième phase, les dossiers seront analysés.  Au terme de l’examen des offres, le délégataire sera désigné et signera le contrat de DSP. Il devrait être connu fin 2012.

Le cahier des charges
Il permet d’expliquer ce qui est demandé par les pouvoirs publics.
– La Ville va pouvoir faire jouer la concurrence car de nombreux candidats potentiels se sont déjà manifestés auprès de la Mission cinéma.
– Cependant on n’obéit pas ici à une logique purement financière ; l’essentiel sera le « mieux-disant culturel » local : ancrage dans le quartier ; action en direction des scolaires ; lien avec les acteurs de terrain, etc.
Trois niveaux, qui peuvent avoir des intérêts divers, devront être conciliés : celui de la Ville de Paris et des élus locaux ; celui des habitants ; celui de l’exploitant.
Ouvrir un cinéma comme le Louxor, c’est construire un public. Si l’on ouvre un multiplexe UGC, le lieu est immédiatement identifié. Au Louxor, une salle de trois écrans, l’exploitant devra construire le public, donc travailler avec les acteurs locaux. À lui de mettre sur pied des réseaux, de proposer des thématiques, de créer des rendez-vous réguliers.
Michel Gomez donne des exemples concrets:
–  Politique tarifaire : le candidat devra expliquer précisément ce qu’il propose, par exemple la possibilité ou non d’utiliser les cartes déjà existantes, ou un système propre d’abonnement, ou une modulation des tarifs (prix réduits l’après-midi pour remplir les salles aux heures creuses, etc.).
Ligne éditoriale :   exclusivités ; soirées spéciales ; premières …
L’animation ;  les critères en matière d’insertion locale :
En dehors des exigences évidentes d’accessibilité, les actions devront être multiples :  en direction des jeunes  publics ( impliquant les écoles, les associations de quartier ) ; la capacité à créer des évènements avec le quartier et les différents acteurs culturels, (par exemple le Centre Barbara), leur politique tarifaire, etc.
La cohérence financière : ce mieux-disant culturel sera analysé en tenant compte également de la cohérence financière.  Le candidat ne pourra pas se contenter de promettre tel ou tel type d’action,  il devra préciser par exemple le nombre de spectateurs visés par tel ou tel projet, le nombre de séances concernées, etc.

Équilibre financier : la Ville de Paris livre l’équipement clé en mains à l’exploitant qui gère à ses risques et périls le service dont il a la charge. Il bénéficiera d’une aide du CNC au titre du compte de soutien financier de l’industrie cinématographique et de l’industrie audiovisuelle financé par les recettes prélevées sur le chiffre d’affaire des secteurs cinématographique et audiovisuel.

Pourquoi une salle dédiée aux Cinémas du Sud ?
Il faut entendre par là des cinématographies aussi variées que celles d’Amérique du Sud, d’Asie, d’Afrique, etc. : cette ouverture sur  le monde est  d’ailleurs ce que tout exploitant qui se respecte s’efforce de faire actuellement. Mais pour juger de la validité des propositions, nous ne nous contenterons pas du quantitatif (nombre de séances) mais nous nous intéresserons à l’équilibre éditorial : comment par exemple utiliser le succès d’un film pour bâtir une programmation ? Ainsi, le succès du film iranien La Séparation peut permettre un retour sur d’autres films iraniens.

Le café-club :
Le café vise à donner au Louxor une dimension conviviale.  Le projet prévoit que  l’accès soit réservé aux seuls spectateurs du cinéma  puisque la configuration du lieu rendait très difficile un accès ouvert directement sur l’extérieur. Mais l’exploitant peut avoir d’autres idées. Il faudra voir à l’usage s’il souhaite moduler et permettre à certaines heures un accès libre au  café compatible avec la gestion du bâtiment et les exigences de sécurité.  Et l’on peut espérer qu’autour du Louxor, des commerçants aient envie d’installer des cafés avec terrasses.

Qu’en est-il de la publication du cahier des charges ? Et de celle des candidatures ?
Le cahier des charges une fois terminé et proposé aux candidats sera connu mais toute la procédure de sélection, les échanges avec les candidats, les délibérations et les votes sont évidemment secrets. Il faut veiller à ce que tous les candidats soient traités sur un strict pied d’égalité, cela pour éviter toute contestation et tout recours.

©lesamisdulouxor.fr