Un décor original retrouvé

La poutre gaine

L’ensemble des décors intérieurs de la salle du Louxor a été conservé in-situ derrière les murs nouvellement édifiés. Auparavant, certains d’entre eux ont été dégagés et photographiés afin de permettre de les refaire à l’identique. Un seul d’entre eux a pu être retiré et conservé, et va être restauré avant d’être placé à demeure dans la salle d’exposition du « nouveau » Louxor. Il s’agit du décor de la poutre gaine du plafond de la salle. Alors que les autres poutres ont été peintes directement, celle-ci, qui intégrait un conduit d’aération, a dû être coffrée. Et les décors ont donc été peints sur ce coffrage qui a pu être démonté et conservé.

De gauche à droite : Frédérique Maurier, Philippe Pumain, Claire Bergeaud, Jean de Seynes étudient le décor de la poutre gaine

Le matériau utilisé, un Isorel, a assez mal survécu à l’usure du temps. L’Isorel (marque de fabrique), créé et fabriqué depuis la fin du XIXe siècle, est un panneau obtenu par feutrage et séchage de fibres dures de bois résineux. Pour fabriquer ce bois artificiel, le bois d’origine est défibré, lié par une colle puis compressé. Pour pouvoir le peindre, il faut l’enduire de colle. Celui utilisé ici, de teinte brun-clair, est d’une épaisseur de 1 cm.

Mais si l’Isorel est un relativement bon isolant phonique et thermique, il est très sensible à l’humidité, et se conserve mal à long terme s’il n’est pas maintenu dans un environnement stable. Celui utilisé au Louxor a souffert au fil du temps, ayant eu à subir en ces parties hautes de l’édifice d’importantes variations de température et des infiltrations d’eau. Aujourd’hui, il se délite, et n’aurait pu pour cette raison rester au plafond de la salle, ni même être remis au plafond de la nouvelle salle.

Le décor qui sera restauré

Les décors qui y figurent sont tous traités au pochoir. Les parties les plus colorées sont inspirées des bouquets floraux trouvés dans les tombes égyptiennes. Les hiéroglyphes qui occupent la partie centrale du côté des panneaux du plafond sont plus ou moins fantaisistes, mais en tout état de cause leur assemblage ne crée aucun sens. Ils ont été eux aussi appliqués par la technique du pochoir, individuellement pour certains, mais le plus souvent par groupes d’un certain nombre de figures.

Le plafond en 1921 : emplacement du décor qui sera restauré

Une équipe de restaurateurs réunis sous la Maîtrise d’œuvre de Claire Bergeaud regroupe, pour cette partie spécifique, Frédérique Maurier, Emmanuelle Paris,  Laurent Blaise et Jean de Seynes. Ils ont deux tâches bien différentes : restaurer les décors conservés, et restituer l’ensemble du décor peint. En compagnie de Philippe Pumain, architecte du Louxor, ils ont tout d’abord choisi la section qui sera exposée (l’ensemble est trop long pour pouvoir trouver un emplacement permanent au Louxor). Il leur faudra continuer à purifier la surface de tous les repeints successifs qui l’avaient fait disparaître au fil du temps, refixer les parties fragiles, fixer les surfaces et enfin consolider l’ensemble.

Examen des décors par Philippe Pumain et Jean de Seynes

En ce qui concerne la restitution des décors, Philippe Pumain va reconstituer les pochoirs à partir des dessins relevés et de ceux qui sont conservés, et la même équipe de restaurateurs sera chargée de les utiliser afin de replacer les décors dans l’intérieur de la salle, à leur emplacement d’origine. La technique utilisée sera donc la même qu’à l’origine, et les couleurs exactement les mêmes, afin de restituer un ensemble conforme au décor visible lors de l’inauguration de la salle.

Le décor restauré a été installé dans le salon d’exposition du Louxor (2e étage)

Jean-Marcel Humbert ©lesamisdulouxor.fr