La brasserie Dupont-Barbès III. Anecdotes quotidiennes et cinéma…

« Chez Dupont tout est bon… »

Heurs et malheurs du plus célèbre café de Barbès.

L’article sur la brasserie Dupont-Barbès est scindé en quatre parties : I. Des origines aux transformations II. La vie de la brasserie III. Anecdotes quotidiennes et cinéma IV. La fresque de Cappiello

A – Concours, réunions et anecdotes policières
Parmi les événements pouvant assurer la publicité de la brasserie figuraient les concours organisés par les journaux. En juillet 1935, Dupont-Barbès gagne « le premier grand prix d’honneur général pour les terrasses et cafés » du « concours d’étalages patronné par Le Journal » (Le Journal, 12 juillet 1935).

Le 4 octobre 1937, l’Auto Velo relate la participation du personnel des brasseries Dupont à la fameuse course de « L’Homme au plateau » (parcours imposé en tenant bien haut un plateau chargé), et nous rappelle en même temps les couleurs de leur tenue :

Auto Vélo, 4 octobre 1937

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La brasserie Dupont-Barbès IV. La fresque de Cappiello

« Chez Dupont tout est bon… »
Heurs et malheurs du plus célèbre café de Barbès.

L’article de Nicole Jacques-Lefèvre sur la brasserie Dupont-Barbès est scindé en quatre parties : I. Des origines aux transformations II. La vie de la brasserie III. Anecdotes quotidiennes et cinéma  IV. la fresque de Cappiello.

Marie Laure Soulié-Cappiello, petite-fille de l’artiste, m’a donc généreusement ouvert ses archives. Nous pouvons désormais découvrir, comme cela n’a jamais été fait depuis 1961, la fameuse fresque, et suivre aussi ses pérégrinations jusqu’à… New-York.

A. Images de la fresque.

Avant d’intervenir dans la brasserie, Cappiello avait créé pour Dupont-Barbès en 1933 une affiche publicitaire reprenant le fameux slogan, et donnant une bonne idée de son style dans ce domaine :

Catalogue raisonné des œuvres de Leonetto Cappiello

Mais combien plus grandiose est la fresque, que nous pouvons tout d’abord regarder dans son ensemble ! Car elle n’avait fait jusqu’à présent l’objet que d’une – mauvaise – photo dans le Monde illustré du 29 juin 1935, pour illustrer l’article du journaliste Louis Vauxcelles, que j’aurai l’occasion de citer.
« Rêve jeune et enivré », d’une « allégresse rythmée », comme l’écrira Gérard d’Houville dans un article que nous publions plus bas dans son intégralité, elle joua un grand rôle dans l’attractivité du Dupont-Barbès. Tous les documents qui suivent sont issues des archives et de la collection de Marie Laure Soulié-Cappiello :


Regardons certains éléments de cette fresque – dont tous les personnages sont emportés dans un mouvement irrésistible – en détail, et de plus près, de droite à gauche. Sur la première partie, voici tout d’abord, hommage à Montmartre, les danseuses de french cancan du Moulin Rouge, dont on voit les ailes : Continuer la lecture

Le cinéma Louxor et l’Art déco

Dans le cadre des mardis de l’histoire de Paris, l’association Histoire et vie du 10e arrondissement propose une conférence de Jean-Marcel Humbert.

Jean-Marcel Humbert, président des Amis du Louxor, est égyptologue et historien de l’art, spécialisé dans le domaine de l’égyptomanie. Après avoir publié deux livres sur le thème de L’Égypte à Paris, il vient de diriger un ouvrage sur « Art déco et égyptomanie » (éditions Norma). Il a participé avec les membres des Amis du Louxor au sauvetage de ce cinéma menacé, et à plusieurs publications et expositions sur son histoire et sa rénovation.

Parmi tous les immeubles Art déco encore visibles à Paris, le cinéma Louxor n’est peut-être pas de ceux auxquels on penserait en priorité. Et pourtant, il mérite à plus d’un titre d’être inclus dans cette catégorie, car si sa structure en béton armé ne participe pas de la forme générale du bâtiment, l’examen de nombre de ses éléments décoratifs montre qu’ils sont tout à fait typiques de la période, mêlant harmonieusement l’art égyptien avec son interprétation par l’Art déco. Cette lecture attentive des décors de ce cinéma unique en France permet de découvrir comment les mosaïques des années 1920, les vitraux, les peintures intérieures et les ferronneries se sont approprié les formes égyptiennes antiques, créant ainsi une ornementation nouvelle d’une grande originalité, tout en conservant une parfaite lisibilité.

Conférence le mardi 12 novembre 2024 à 18 h 30, suivie d’une conférence de Frédéric Jimeno, historien à la Ville de Paris, sur Les monuments 14-18 Art déco à Paris.

Bibliothèque historique de la Ville de Paris, 24 rue Pavée, Paris IVe

Entrée gratuite uniquement sur réservation sur Internet 15 jours avant la date de la conférence.

Exposition à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé : Architectures remarquables, les ciné-palaces

La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé propose, du 10 avril au 13 juillet 2024, une exposition, organisée par les commissaires Axel Huyghe (salles-cinema.com) et Stéphanie Salmon (Fondation Jérôme Seydoux-Pathé). De belles photographies montrent nombre de salles marquantes, depuis 1906 jusqu’aux années 1960, période durant laquelle les palaces sont peu à peu supplantés par les complexes multisalles. Le Louxor trouve là une belle place en tant que « Palace de quartier » qui a retrouvé sa splendeur passée.

Le Louxor (architecte de la rénovation : Philippe Pumain. Photos (2013) Luc Boegly/AAM)

Nous empruntons à la feuille de salle de l’exposition, fort bien faite, quelques paragraphes de son descriptif.
« Rex, Tuschinski, Omnia, Louxor, Uránia… ces noms mythiques de salles de cinéma renvoient à la création de remarquables ensembles architecturaux qui ont participé et participent encore aujourd’hui, par leur décor et leur technique, au spectacle cinématographique. Ils montrent comment, au cours du XXe siècle, s’est constituée la notion de palais de cinéma dans la ville. »

L’ère des palaces

« Les salles qui ont marqué les spectateurs par leur gigantisme, leur modernité, leur décoration, voire leur pérennité, sont pour plusieurs d’anciennes salles de spectacles et pour la majorité des édifices modernisés ou bâtis au début ou à partir de la fin des années 1920. Une pléiade d’architectes érige en France de nouveaux palaces toujours plus beaux et majestueux, comme Henri Zipcy (le Louxor, 1920) et Henri Sauvage (le Gambetta-Palace, 1920). »

« De grandes villes européennes, comme Amsterdam, se dotent de temples du cinéma. Jusqu’au début des années 1920, l’association des styles, rendus par des techniques aussi variées que la mosaïque, la tapisserie, la fresque, le vitrail et l’utilisation de différents métaux, apporte magnificence et exotisme et inscrit ces temples dans la dynamique de la création. Le spectacle est sur l’écran et dans la salle. Aller au cinéma procède non seulement du loisir et du divertissement, mais aussi du grand spectacle. »


L’exposition se poursuit avec l’épanouissement de l’Art-déco, et, après la guerre, la nouvelle époque de construction de mono-écrans ou de multisalles.
Une journée d’étude, consacrée au même thème, s’est déroulée le 26 avril 2024. Ce premier volet sera suivi d’une seconde journée le vendredi 27 septembre 2024.

Le Louxor, « architecture remarquable », à la fondation Jérôme Seydoux-Pathé

La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé propose, du 11 avril au 13 juillet 2024, une double exposition consacrée d’une part aux plus belles salles de cinéma, Architectures remarquables : les ciné-palaces, et d’autre part à l’architecte Renzo Piano, auteur notamment – il y a 10 ans – de l’immeuble qui abrite la Fondation.

A côté du Louxor y figureront le Rex, Le Tuschinski, l’Omnia, l’Urania…

Pour accompagner cette exposition est proposée une (première) journée d’études consacrée à l’architecture de cinéma, et aux salles en particulier, où une communication sera notamment consacrée au travail de l’association Les Amis du Louxor.
L’entrée est libre et l’inscription conseillée sur accueil@fondationpathe.com

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Emmanuel Papillon quitte le Louxor pour une retraite que nous lui souhaitons aussi active que cinéphilique

Emmanuel Papillon, directeur du Louxor depuis sa réouverture en 2013, quitte le cinéma historique de Barbès. Les Amis du Louxor l’ont retrouvé, ainsi que l’architecte Philippe Pumain, autour d’un déjeuner amical au bar du Louxor le samedi 20 janvier 2024 pour le remercier de ces onze années à la tête d’une salle qu’il a fait revivre de si belle manière.

Près de onze ans au chevet du Louxor — des années qui auront marqué et modifié l’image du carrefour Barbès. Le 17 avril 2013, après 30 ans de fermeture et d’incertitudes, le bien nommé « Louxor-Palais du cinéma », rendu à sa splendeur originelle par l’architecte Philippe Pumain et son équipe, rouvrait ses portes et allait retrouver son public. Il n’aura pas fallu longtemps à Emmanuel Papillon pour instaurer un style bien personnel associé à une programmation qui a fait le succès du Louxor.

C’était à la fois une magnifique aventure et un défi : faire revivre un cinéma dans un quartier populaire en pleine évolution qui avait vu disparaître toutes ses salles de quartier. Le défi fut relevé et de belle manière.

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9 novembre 2023, réouverture du cinéma Grauman’s Egyptian d’Hollywood

C’est un plaisir de saluer outre Atlantique la rénovation exemplaire que vient de connaître, à l’instar de notre Louxor, le fameux cinéma Grauman’s Egyptian d’Hollywood. Son histoire, qui se développe sur 101 ans, a connu comme le Louxor des phases de gloire et d’autres de grandes dépressions, faisant même craindre à plusieurs reprises sa disparition. Il repart aujourd’hui bien armé pour un nouvel épisode de sa vie pleine de rebondissements.

Le célèbre cinéma « égyptien » d’Hollywood, petit cousin du Louxor ouvert un an après celui-ci, le 18 octobre 1922, a connu une vie pour le moins agitée, dont vous trouverez ici même l’histoire, ainsi qu’une galerie photographique. Depuis cet article publié en 2009, la situation de la salle a continué à fluctuer, l’American Cinematheque qui l’occupe ayant toujours de grosses difficultés à maintenir en état les bâtiments. Car la construction, conçue un peu comme un décor de cinéma, sans pari sur sa durée d’existence, a toujours présenté des signes de faiblesse nécessitant des reprises en sous-œuvre, augmentant d’autant les coûts d’exploitation. À nouveau menacée de fermeture, la cinémathèque en est arrivée à lancer des pétitions pour sauver l’institution.

à gauche : l’enseigne de l’Egyptian et sa nouvelle grille après rénovation © Kevin Estrada /Netflix – à droite : l’entrée du Grauman’s Egyptian rénové © Netflix.

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