Retour sur le tournage d’une scène du film « La Daronne » sous le porche du Louxor

Dans notre rubrique Le Louxor comme décor

Traiter par la comédie un grave problème de société, celui de la drogue et de sa commercialisation, c’est le pari – gagné – du film de Jean-Paul Salomé, La Daronne (2020). Ce qualificatif dérivé de l’ancien français « daron » (père de famille puis patron) désigne depuis le début du XXe siècle, dans certains milieux, la mère de famille qui prend les décisions ; puis, par la suite, une « patronne » (dans le sens de tenancière de cabaret ou de maison close) et même par extension une cheffe de bande.
Plusieurs séquences du film ont été tournées à Barbès, dont une sous le porche du Louxor. Il est intéressant de connaître les circonstances de la conception et de l’écriture de cette scène, et des conditions du tournage avec ses difficultés. Pour cela, on dispose du dossier de presse, d’interviews dans les journaux, de celle de Jean-Pierre Salomé dans le petit film « La Découverte du roman La Daronne » (durée 21 mn, dans le DVD du film), et de celle d’Emmanuel Papillon, directeur du Louxor. Et surtout des commentaires de Jean-Paul Salomé qui vont des angles de prise de vue à la psychologie des personnages, des trouvailles développées lors du tournage au montage final, commentaires qui accompagnent la totalité du film dans une passionnante version parallèle que l’on trouve également sur le DVD (références de ces citations, en en respectant le caractère oral, sous la forme « CF, suivi du minutage »). Il y précise notamment que « le film n’a pas de studio du tout, on a toujours tourné dans de vrais lieux » (CF 7:40). « Je tenais beaucoup à cette vérité, à ces décors » (CF 45:15).

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« Caramba », film de Philippe Decouflé, tourné en 1986, dans le Louxor désaffecté

Nous enrichissons notre rubrique consacrée aux utilisations du Louxor comme décor de cinéma par un retour aux années qui ont suivi la fermeture du cinéma en 1983.

Hiver 1986, Philippe Decouflé cherche un lieu pour tourner un film de danse qu’il prévoit à la fois quelque peu déjanté, surréaliste et humoristique. C’est alors qu’il entend parler du Louxor, un ancien cinéma à l’abandon, qu’il pourrait totalement investir. Il demande donc l’autorisation de tourner dans le bâtiment au propriétaire de l’époque, la société Tati, qui avait espéré transformer le Louxor en magasin. L’autorisation accordée a pour conséquence annexe de retarder l’ouverture de la boite de nuit La Dérobade. Le Louxor devient donc décor de cinéma, et c’est dans ce lieu abandonné, rendu insolite par des cadrages et des éclairages recherchés, que va se dérouler le tournage. L’un des intérêts du film, surtout après bientôt quelque quarante ans, est de montrer le Louxor d’une manière totalement inédite. Outre le haut de la terrasse, on en verra un balcon, le sous-sol et plusieurs escaliers.

Né en 1961, danseur et chorégraphe, Philippe Decouflé essaie de traduire des influences diverses, mêlant Tex Avery et Groucho Marx. Il suit un parcours à la fois régulier et varié, où la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver d’Albertville (1992) marque sa reconnaissance par le grand public. Le film doit se dérouler dans un cadre étrange et trash d’un théâtre « qui a connu des jours meilleurs ». Une compagnie loufoque y joue une revue de variétés. Les situations les plus étranges et les plus improbables se succèdent, devant un reporter aux grandes oreilles, seul spectateur, qui n’en croit pas ses yeux.

Copies d’écran du film Caramba

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« Mon Crime », film tourné au Louxor

Après la façade du Louxor, mise en vedette dans le film de Jean-Paul Salomé, La Daronne, c’est maintenant la grande salle de style Art-déco égyptisant qui apparaît dans la nouvelle comédie dramatique et policière de François Ozon, Mon crime. Le film a été présenté en avant première au Louxor le 24 janvier 2023. La distribution est prestigieuse (Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, André Dussolier, Dany Boon, Félix Lefebvre, et deux étoiles montantes, Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder).
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Le Louxor en 1983 dans le film d’ Andrzej Zulawski, La Femme publique

Les images du Louxor avant sa fermeture du 30 novembre 1983 et sa vente par Pathé à la société Tati ne sont pas si nombreuses, et son utilisation en tant que décor de film encore moins fréquente. Ou s’il apparaît, c’est souvent de manière si fugitive que le spectateur a à peine le temps de l’identifier(1). Toutes les trouvailles sont donc précieuses. Merci à Emmanuel Papillon, directeur du Louxor, de nous avoir signalé le film d’Andrzej Zulawski, La Femme publique, dont nous découvrons une scène se déroulant devant le Louxor.
Ethel (Valérie Kapriski) sort du métro par le tourniquet du côté du boulevard de La Chapelle, où l’attend Milan (Lambert Wilson), réfugié tchèque, en fuite après avoir tiré sur l’archevêque de Lituanie en visite à Paris. Dès lors, le Louxor va servir de décor nocturne à ce rendez-vous.

Capture d’écran du film La Femme publique

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Dior au Louxor

La 46e remise des Césars 2021 s’est tenue le vendredi 12 mars dernier à l’Olympia. Pour la première fois, le jeune acteur Félix Lefebvre était nommé dans la catégorie « Meilleur espoir masculin » pour son rôle dans le film de François Ozon, Été 1985. Pour l’occasion, il était habillé par Dior Homme (collection 2021)(1).
Quelques jours avant, Dior avait organisé au Louxor une séance de photos et le tournage d’un reportage (film de Daniel Darmon, cinématographie de Martin Neumann) mêlant présentation de mode et présentation de Félix Lefebvre, où l’on voit l’acteur découvrir le Louxor et le parcourir en tous sens, avant d’en apprécier les fauteuils.

Stéphane Lefebvre au premier balcon de la salle Youssef Chahine. Copie d’écran du film de Daniel Darmon et Martin Neumann © Courtesy of Dior

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« Folie passagère » : hommage au Louxor… ou contrefaçon ?

En cet automne-hiver 2015, nous avons vu apparaître sur nos étranges lucarnes, les mercredis soirs, une nouvelle émission animée par Frédéric Lopez, «  Folie passagère »  (France 2). Sa particularité, qui ne pouvait nous échapper, est que les panneaux décoratifs à l’égyptienne du fond du plateau où se déroulent les prestations de variétés sont des copies des grilles du plafond du cinéma Louxor.

Captures d'écran France 2 - émission Folie passagère

Captures d’écran France 2 – émission “Folie passagère”

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Le Louxor en BD

Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que le Louxor figurait dans une BD… L’album Vivre libre ou mourir ! (éditions du Lombard), imaginé par Xavier Aumage, archiviste du Musée de la Résistance nationale de Champigny, est lié aux collections du musée. Le point de départ de chaque épisode est un objet personnel offert par des résistants ou leur famille : sac à main à double fond, ronéo clandestine, faux papier, et autres précieux « outils de clandestinité », pour reprendre les termes de Xavier Aumage. Ils sont mis en scène dans de brefs récits permettant de faire revivre ce que pouvait être l’héroïsme au quotidien pendant l’Occupation.

Accueillis au musée par son directeur-conservateur Guy Krivopissko et l’équipe des archivistes, nous avons ensuite rencontré l’archiviste Xavier Aumage, le scénariste de l’album Jean-Christophe Derrien et le dessinateur Claude Plumail.

Le Louxor dessiné par Claude Plumail, album Vivre libre ou mourir ! page 12.

Le Louxor dessiné par Claude Plumail,  La Messagère, page 12.

Le Louxor apparaît dans l’album Vivre libre ou mourir ! Cet ouvrage n’est pas une BD classique. Pouvez-vous d’abord nous le présenter ?
Xavier Aumage : Vivre libre ou mourir ! se compose de neuf épisodes, tous scénarisés par Jean-Christophe Derrien mais illustrés par neuf dessinateurs différents. Le Louxor sert de cadre à l’une des scènes de La Messagère, l’épisode illustré par Claude Plumail. Il est en fait conçu à partir d’une scène du 2e tome de Résistances : tous les albums de cette série sont écrits par Jean-Christophe Derrien et illustrés par Claude Plumail. À la page 32 du tome 2, Le vent mauvais, on voyait l’héroïne, Sonia, quitter son compagnon pour entrer se « changer les idées » au cinéma Le Louxor à Paris. L’épisode La Messagère se passe en novembre 1940 et nous comprenons alors que Sonia travaille déjà, à l’insu de son compagnon, pour la Résistance.

couverture de l'album Vivre libre ou mourir, Edition Le Lombard, septembre 2011

couverture de l’album Vivre libre ou mourir !, Editions Le Lombard, septembre 2011

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