5 mars 1939 : Une journée particulière au cinéma Barbès

Nous rappelions naguère sur notre site la destinée de cet autre cinéma du quartier, le Barbès Palace, transformé – avec un décor intérieur miraculeusement préservé – en magasin de chaussures. En 1939, il n’est déjà plus qualifié de « Palace », mais la découverte d’un programme nous permet aujourd’hui d’évoquer un autre épisode de son  histoire.

C’est en effet une séance très spéciale que, le 5 mars 1939, connut le Barbès : la matinée avait été réservée par Burnous, Association des Anciens Spahis, et la recette était destinée à ses œuvres.

Programme du 5 mars 1939

Programme du 5 mars 1939

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Vous reprendrez bien un petit café ?

Histoire des ancêtres de la Brasserie Barbès

2, boulevard Barbès et 124/126, Boulevard de la Chapelle, 1860-2015

Barbès a retrouvé, en avril 2013, son cinéma de quartier, le Louxor. Avec l’ouverture de la Brasserie Barbès, il est maintenant en train de renouer avec la longue tradition des cafés, nombreux autrefois autour du carrefour et dans les rues avoisinantes. Dominique Delord, chercheuse en histoire culturelle, nous présente dans un article solidement documenté et richement illustré, l’ histoire des ancêtres de ce café « branché »,  inscrite dans l’évolution d’un quartier populaire, laborieux et longtemps déshérité. 

6 juin 2011 : incendie de Vano - 9 mai 2015 : Brasserie Barbès

6 juin 2011 : incendie de Vano – 2015 : Brasserie Barbès

La Brasserie Barbès vient de naître des cendres d’un immeuble (le magasin Vano) qui a brûlé en 2011 [cliquer sur l’image ci-dessus pour l’agrandir. NDLR]. L’emplacement a une longue histoire – plus de 150 ans. Café, brasserie, bal, café-concert, manufactures, imprimeries, commerces, lieu de vastes réunions politiques ou syndicales avec de grands noms du XIXe siècle… Pour un retour dans le passé, voici un café-gourmand historique…
Nous commencerons cette histoire vers 1860, quand Paris s’agrandit et annexe ses communes périphériques, dont celle de La Chapelle-Saint-Denis.

Les nouveaux Parisiens de 1860

La démolition du Mur des Fermiers Généraux en 1860, Henri Daumier

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Le Louxor en BD

Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que le Louxor figurait dans une BD… L’album Vivre libre ou mourir ! (éditions du Lombard), imaginé par Xavier Aumage, archiviste du Musée de la Résistance nationale de Champigny, est lié aux collections du musée. Le point de départ de chaque épisode est un objet personnel offert par des résistants ou leur famille : sac à main à double fond, ronéo clandestine, faux papier, et autres précieux « outils de clandestinité », pour reprendre les termes de Xavier Aumage. Ils sont mis en scène dans de brefs récits permettant de faire revivre ce que pouvait être l’héroïsme au quotidien pendant l’Occupation.

Accueillis au musée par son directeur-conservateur Guy Krivopissko et l’équipe des archivistes, nous avons ensuite rencontré l’archiviste Xavier Aumage, le scénariste de l’album Jean-Christophe Derrien et le dessinateur Claude Plumail.

Le Louxor dessiné par Claude Plumail, album Vivre libre ou mourir ! page 12.

Le Louxor dessiné par Claude Plumail,  La Messagère, page 12.

Le Louxor apparaît dans l’album Vivre libre ou mourir ! Cet ouvrage n’est pas une BD classique. Pouvez-vous d’abord nous le présenter ?
Xavier Aumage : Vivre libre ou mourir ! se compose de neuf épisodes, tous scénarisés par Jean-Christophe Derrien mais illustrés par neuf dessinateurs différents. Le Louxor sert de cadre à l’une des scènes de La Messagère, l’épisode illustré par Claude Plumail. Il est en fait conçu à partir d’une scène du 2e tome de Résistances : tous les albums de cette série sont écrits par Jean-Christophe Derrien et illustrés par Claude Plumail. À la page 32 du tome 2, Le vent mauvais, on voyait l’héroïne, Sonia, quitter son compagnon pour entrer se « changer les idées » au cinéma Le Louxor à Paris. L’épisode La Messagère se passe en novembre 1940 et nous comprenons alors que Sonia travaille déjà, à l’insu de son compagnon, pour la Résistance.

couverture de l'album Vivre libre ou mourir, Edition Le Lombard, septembre 2011

couverture de l’album Vivre libre ou mourir !, Editions Le Lombard, septembre 2011

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1980, déjà des inquiétudes sur le sort du Louxor…

« Que deviendra le “Louxor-Palais du cinéma” qui passe sans cesse entre deux films chromos d’Afrique du Nord les grands classiques de la guerre d’Algérie ? »
Dès 1980, Geneviève Fraisse1, s’inquiétait du sort du Louxor, comme en témoigne cette allusion retrouvée dans l’article « Barbès-la-Goutte d’Or », qu’elle avait écrit pour la revue Les révoltes logiques (n° 12, 1980, p. 62-69). Elle illustrait cet article d’une photo du Louxor (côté boulevard de la Chapelle), sa façade blanche portant l’inscription LOUXOR – PALAIS DU CINEMA  bien visible dans le décor (lui-même très cinématographique) des toits de Paris.

Le Louxor dans la revue Les Révoltes logiques, 1980.

Le Louxor dans la revue Les Révoltes logiques, 1980.

Inquiétude pleinement justifiée puisque le Louxor fermait ses portes trois ans plus tard, le 30 novembre 1983. Personne ne soupçonnait en revanche qu’il allait falloir attendre 2001 pour que la mobilisation s’organise et treize ans encore pour que le Palais du Cinéma ouvre de nouveau ses portes carrefour Barbès.

Merci à Michel Souletie, qui se bat avec nous depuis des années pour le sauvetage du Louxor, de nous avoir signalé cet article.

©lesamisdulouxor.fr

Note
1. Philosophe, historienne de la pensée féministe, Geneviève Fraisse a été déléguée interministérielle aux droits des femmes de 1997 à 1998 et députée européenne de 1997 à 2004.

 

Un affichage éphémère

 Le Louxor inspire les étudiants de l’école Estienne

Nous avons reçu récemment des photos illustrant le travail réalisé en mai 2012 par les étudiants de l’école Estienne qui venaient de découvrir le Louxor.  Revenons quelques mois en arrière…
Nous aurions volontiers profité un peu plus longtemps des affiches colorées et pleine de fantaisie que des étudiants de l’école Estienne, école des métiers du livre de Paris, ont réalisées en atelier, puis placardées aux abords de la station Barbès ‒ affiches librement inspirées du Louxor et très vite subtilisées par les amateurs d’art urbain, par définition éphémère. (On se souvient qu’une grande affiche de l’américain Shepard Fairey, un des grands noms du « street art », fut affichée fin septembre 2009 sur les murs du Louxor et disparut elle aussi bien rapidement.)

Pharaon cinéphile

Un groupe d’étudiants de la section illustration de l’Ecole Estienne a travaillé sur un projet encadré par Irène Bonacina, artiste plasticienne et illustratrice, en collaboration avec les enseignants de l’école. Leur projet et leur choix du Louxor comme source d’inspiration ne sont pas sans rappeler la démarche des lycéens du BAL que nous avons déjà évoquée sur notre site. Irène Bonacina s’intéresse elle aussi à la question du lieu, support de mémoire et d’expérience et a déjà travaillé sur ce thème (Lieux de départ, Mémoires d’immigrés).

Des étudiants de l’atelier illustration en plein travail

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Un autre palais du cinéma : le Barbès Palace

La découverte d’un élégant programme de 1921 par Bernard Meyre, collectionneur cinéphile et adhérent des Amis du Louxor, vient nous rappeler qu’existait, non loin du Louxor, un autre « palais du cinéma », le Barbès Palace.

Programme du 1er au 7 juillet 1921 (Collection Bernard Meyre)

Avec le beau Palais-Rochechouart (actuel Darty), le plus modeste Delta (Guerrisol), le Myrha (devenu église évangélique), le Gaîté-Rochechouart (Célio), pour ne citer que les cinémas les plus proches du Louxor, les habitants de Barbès n’avaient que  l’embarras du choix pour se distraire. Si la plupart de ces salles ont disparu ou sont devenues méconnaissables, une bonne surprise attend le visiteur qui franchit l’entrée du 34, boulevard Barbès : comment deviner, en effet, que derrière la façade banale du magasin de chaussures Kata, se cachent les beaux restes d’un des plus vastes cinémas de quartier parisien, le Barbès Palace, fermé en 1985 ?

Rideau de scène- magasin Kata 10 septembre 2012

Spectacle insolite, des centaines de paires de chaussures s’entassent dans un décor de théâtre d’une fraîcheur étonnante.

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Le Louxor, ils adorent…

Regards de lycéens sur le Louxor

« L’échappée belle »…  C’est le thème sur lequel travaille cette année le groupe de lycéens que nous avons rencontré à l’invitation de Christine Vidal et Valentine Guillien, respectivement  responsable et coordinatrice de la Fabrique du Regard, plate-forme pédagogique du BAL. Dédié à l’image documentaire sous toutes ses formes, le BAL est désormais bien installé dans le paysage culturel parisien, à deux pas de la Place Clichy et du Cinéma des cinéastes.

Sur les toits du Louxor , Fantômas 2012…

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